Art abstrait géométrique

L’art abstrait géométrique est né de la recherche de l’essentiel. Il simplifie le sujet pour n’en conserver que les lignes directrices, que l’évidence. Par sa démarche analytique, il a nourri depuis plus d’un siècle l’urbanisme, tout autant que l’architecture ou le design. Parce qu’il n’est ni dans l’émotionnel, ni dans l’actualité, parce qu’il dépasse l’anecdote, il perdure et s’enrichit sans cesse de nouvelles créations.

Par le jeu de la ligne droite, horizontale ou verticale, l’artiste crée des formes qu’il va différencier en les précisant par des couleurs différentes. Une dualité apparaît aussitôt : la forme et la couleur finissent par vivre au détriment l’une de l’autre. Après avoir travaillé la forme, puis associé forme et couleur, Jean-Michel Gasquet a maintenant décidé d’abandonner la première pour ne faire vivre que la couleur. Dans l’atelier, qu’une forme ou une couleur s’impose naturellement à lui, il l’adopte ; mais cette masse l’oblige à en inclure une autre de façon à ce qu’il n’y en ait pas une qui ait un poids plus grand que les autres et qu’en final tout s’équilibre dans de subtiles harmonies.   

Jean-Patrice Rozand se considère-t-il comme un tenant de l’art abstrait géométrique ? Sa démarche le laisse à penser. La concision consiste, pour lui, en ce que l’équilibre qu’il y a sur un plan se confirme ou se développe sur le suivant ; elle implique de la rigueur, avec cette recherche permanente d’une économie des moyens, cette idée que le moins, c’est le plus. Rozand est fasciné par les mathématiques, et pourtant il ne mesure pas. Les jeux d’ombre et de lumière, de vides et de pleins, mettent en valeur le travail de telle courbe, de telle contrecourbe ou de telle verticale. Dans ses sculptures, il recherche la cohérence de la forme.

Les deux artistes se rejoignent au moins sur un point : ils sont éloignés du concept pur en ce sens que, pour eux, l’exécution est essentielle. La manipulation de l’outil, le contact avec le matériau, l’hésitation dans l’intimité de l’atelier sont indispensables pour que naisse l’émotion, qu’elle passe par la couleur ou par la forme.